13. May 2015
Soeur Nazek Matty nous raconte sur l'Iraq où elle est retournée en Mars 2014


MWI: En Mars 2014 vous êtes retournée dans votre pays d'origine qui est l'Iraq. Qu'elle situation vous y avez trouvé?

Sœur Nazek: Quand je suis arrivée en Iraq, j'étais très contente d'être enfin réunie avec mes consœurs dominicaines et ma famille. Les circonstances sur place n'étaient pas encore tout à fait claires, mais comme d'autres Chrétiens en Iraq, j'éspérais que tout allait s'arranger. Apès quelques semaines seulement,  j'ai été demandé si je pouvais donner un cours d'introduction dans le Nouvel Testament au Centre Catholique de Qaraqosh (à 30 km de Mosul); en même temps on m'a proposé de travailler en tant que lectrice au Babel Collège à Erbil. J'ai été très heureuse que tout se passait comme je l'avais imaginé.

Et puis tout a changé.

L'été est arrivé en Iraq avec de grandes difficultés, qui ont tout fait s'effondre. L'ISIS est arrivé à Mosul est a occupé la ville le 9 Juin et il faillait regarder une nouvelle réalité en face: notre existence en tant que Chrétiens iraquiens etait en danger. Nous sommes tout de même resté dans nos villes de la plaine Ninive et nous comptions avec ceux qui sont restés sur le gouvernement kurde, qui nous avait promis de nous surveiller et de ne pas laisser entrer l'ISIS dans nos villes chrétiennes. Nous leur faisions confiance.

Mais le 6. Août l'ISIS est entré à Qaraqosh. Il fallait quitter la ville en fuite et nous ne pouvions emèner seulement peu de choses, car il n'y avait que peu de place dans les voitures. Nous quittions le cloître à 23.30 heures. C'était un vrai exode. Toutes les rues étaient encombrés et il nous fallait neuf heures pour arriver à Erbil, normalement il en faut une.  Nous sœurs étaient reparties sur les différents camps de refugiées pour aider les hommes. 

Une de mes sœurs et moi, nous sommes allées dans une école, où étaient logées 70 familles. Tout d'un coup, j'étais responsable pour avoir assez de nourriture, la literie et les vêtements pour tous ces gens. Je n'arrêtais pas de penser comment, Jésus a pu fournir de la nourriture pour des milliers de gens dans l'endroit isolé. Là, j'ai réalisé que notre communauté chrétienne vivait un temps bibliques. Les hommes avaient faim, étaient bouleversés, affaiblis et humiliés - nous avions vraiment besoin du Sauveur!

Qu'est-ce qui s'est passé ensuite? Pouviez-vous malgré l'assaut, poursuivre quelques un de vos projets?

Le 7. Octobre, j'ai commencé à enseigner au Collège Babel. J'ai donné deux cours: Une introduction à la bible et une aux livres historiques. De plus, j'ai été demandé si je pouvais donner un cours de Nouvel Testament ans un institut affilié. Ce n'était pas du tout facile de changer du travail d'un camp de réfugiés au travail dans un Collège supérieur. Il fallait faire des recherches et préparer les cours tandis que j'étais refugiée moi-même. Encore pire étais que j'avais laissé tout mes livres car je ne pouvais les emmener durant la nuit de la fuite.

D'un côté, j'étais devant les étudiants pour parler de la bible. De l'autre côté, je me demandais sans arrêt: "Dieu, pourquoi tu nous as abandonné?"

Mais je sentais aussi un temps de grâce. Nous étions face à face avec Dieu. Nous nous entions complètement vide et nous le priions de nous aider, de comprendre sa volonté. 

En ce moment je vis dans deux communautés complétement différentes: Une communauté refoulée, qui a urgemment besoin d'aide et qui a faim et une deuxième communauté, qui a la faim de mieux connaître la parole de Dieu. Je prie à Dieu qu'il m'aide à être un pont entre ces deux communautés chrétiennes.

Que Dieu protège vous et tous les iraquiens. Merci pour cet entretien.